L’aventure commence avant même notre rendez-vous avec notre photographe, car lors de notre arrivée à Vresse-sur-Semois nous découvrons…5cm de neige. Une broutille pour les Canadiens mais assez pour bloquer toute la Belgique et fermer l’aéroport national. Qu’à cela ne tienne, il faut progresser. Au volant de la GT-R chaussée de pneus semi-slick, prudence et douceur sont de mise. Quelques kilomètres plus loin, nous retrouvons Jeroen sur une belle route ardennaise. Heureusement, le tarmac est dégagé et la couche blanche fraichement tombée offre un décor de conte de fée. Il est à présent temps de se mettre en route en direction de notre étape de nuit en Bourgogne. Au départ de Vresse-sur-Semois, nous traverserons la Lorraine via Verdun, longerons Nancy pour enfin arriver à Langres via Neufchâteau. Ensuite, tout droit direction ouest pour atterrir dans le petit village de Savoisy, près de Châtillon-sur-Seine. Le lendemain, changement de décor car nous retournerons vers la Belgique en traversant la Champagne-Ardenne.

"Mais, au fond, pourquoi donc mettre ces deux véhicules face à face?", me demanderiez-vous. La raison est simple: tous deux sont japonais, coûtent approximativement le même prix et peuvent être qualifiés de "grand coupé haute performance". Cependant, ce qualificatif est interprété de deux manières complètement différentes.

D’un côté, la Nissan GT-R – qui va sur ses 11 ans d’existence – est le symbole même du coupé haute performance qui peut faire rougir plusieurs super-sportives. Avec son V6 bi-turbo de 570ch et sa traction intégrale, « Gozzila » passe de 0 à 100 km/h en 2,7 sec. Pourtant, depuis l’arrivée de l’édition Nismo, la GT-R se veut plus GT que R. Sa mise à niveau de 2017 lui apporte un nouvel habitacle plus confortable dans lequel une attention particulière a été portée sur les bruits et vibrations.
La Lexus, quant à elle, est une vraie GT. La première tentative de la marque de luxe de Toyota dans le segment des grands coupés sportifs se veut plus civilisée que sa compatriote. La version LC500 que nous prenons ici en main se fout totalement d’être la plus rapide ou même la plus puissante. La LC est avant tout réservée au voyage et au luxe.


HIT THE ROAD, JACK!
Passons Verdun et les routes sinueuses de la Lorraine nous font apprécier les améliorations apportées à la GT-R. Bien sûr, elle ne se transforme pas en Rolls-Royce non plus, loin de là, mais la bête précédemment brute de décoffrage s’est fait polir les angles. Les bruits de transmission caractéristiques sont désormais quasi inaudibles, les suspensions adaptatives Bilstien sont maintenant plus souples et la nouvelle planche de bord apporte une touche de luxe, sans pour autant réussir à cacher quelques plastiques façon Fisher-Price. Bref, comme annoncé par Nissan, la GT-R est plus confortable que jamais. Mais n’allez pas pour autant penser qu’elle a perdu son feu intérieur. Une simple pression de l’accélérateur suffit à réveiller le V6 de 3,8 litres et ses deux siffleurs poussant 570 ch.
Passons Verdun et les routes sinueuses de la Lorraine nous font apprécier les améliorations apportées à la GT-R. Bien sûr, elle ne se transforme pas en Rolls-Royce non plus, loin de là, mais la bête précédemment brute de décoffrage s’est fait polir les angles. Les bruits de transmission caractéristiques sont désormais quasi inaudibles, les suspensions adaptatives Bilstien sont maintenant plus souples et la nouvelle planche de bord apporte une touche de luxe, sans pour autant réussir à cacher quelques plastiques façon Fisher-Price. Bref, comme annoncé par Nissan, la GT-R est plus confortable que jamais. Mais n’allez pas pour autant penser qu’elle a perdu son feu intérieur. Une simple pression de l’accélérateur suffit à réveiller le V6 de 3,8 litres et ses deux siffleurs poussant 570 ch.
"Peu importe le temps que l’on passe au volant de la GT-R, on ne s’accoutume jamais à la violence avec laquelle elle décolle"
Tellement nous roulons, nous en oublions de manger. L’horloge tourne et c’est le ventre gargouillant que nous atterrissons au restaurant Route 51 situé dans une ancienne usine délabrée. Après un repas sain composé de hamburgers et de soda, nous reprenons la route, cette fois-ci au volant de la Lexus. Les premières impressions sont positives. Voir très positives. Lexus s’est toujours placé comme concurrent de Mercedes mais, auparavant, n’arrivait jamais à cacher quelques pièces Toyota dans son habitacle. Avec la LC, ce n’est plus le cas. Le somptueux habitacle n’est égalé que par la qualité de finition. À part le système de navigation terriblement frustrant d’utilisation, l’habitacle de cette LC ferait pâlir plus d’une Allemande.


Bref, nous ne sommes pas ici pour parler finition. Une pression du bouton de démarrage et le V8 atmo de 5.0 litres démarre dans la plus belle des symphonies – les soupapes d’échappement restent ouvertes au démarrage pour accentuer le côté dramatique. Il faut le dire: l’expérience au volant de la LC500 est dominée par ce V8. Bien qu’il ne pousse pas au-delà de 7.100 tr/min contrairement à d’autres V8 hautes performances, il délivre ses 471 ch tout en rondeur. Et cela accompagné du parfait dosage entre bruits d’échappement et d’induction. Grande nouveauté, ce moteur est ici associé à une boite dix vitesses – oui 10 ! – ce qui lui permet de cacher son (relatif) manque de couple. À chaque courbe convient plusieurs vitesses. En 2e ou 3e, la LC se montre plus agressive et pointilleuse alors qu’en 4e elle flotte sur le couple effectuant un passage propre mais toujours aussi efficace. Sur les routes hivernales de la Lorraine, nous n’avons malheureusement pas su pousser la LC chaussée de pneus été dans ses retranchements. Pourtant, sous son voile de GT, elle cache un réel caractère de sportive.
Malgré ses 1.935 kg, la nipponne danse volontiers sur le bout des pieds, avec une certaine finesse sans pour autant déborder de précision. Un trait de caractère apparu évident sur la route reliant Langres à Savoisy. Le tarmac est de mauvaise qualité, mais les virages se succèdent sans jamais sembler s’arrêter. La nuit est déjà tombée depuis un certain temps mais les deux coupés avalent cette nationale avec un furieux appétit. Nous passons brièvement de l’une à l’autre pour enfin choisir la Lexus pour terminer cette journée. En effet, après 500 km, les sièges Recaro et les suspensions fermes de la Nissan ne sont pas les meilleurs amis du conducteur fatigué.

Après une agréable soirée et une bonne nuit de repos, c’est à l’aube que nous quittons le pittoresque village de Savoisy pour rejoindre nos contrées. Encore une fois, la poudre blanche est tombée durant la nuit – chose récurrente lors de ce roadtrip – mais on ne recourt pas l’autoroute pour autant, y préférant les départementales et nationales de Champagne. Contrairement à la veille, les virages se font plus rares et ceux que l’on rencontre se rapprochent plus de la longue courbe que de l’épingle. Le terrain idéal pour des GT. Ici, la Lexus brille. Son confort, quoiqu’un peu ferme, s’accompagne d’une tenue de route exemplaire. Grâce aux dix rapports cachés dans la boîte, le gros V8 tourne presque au ralenti. Dans la Nissan, par contre, c’est une autre histoire. Bien que la boîte ait bénéficié de plusieurs améliorations, les changements en mode automatique font sentir son âge. Tout comme l’étagement. Là où la Lexus est relaxée, la Nissan semble toujours sur les nerfs, comme un animal prêt à sauter sur sa proie. Au volant de l’un comme de l’autre, il est facile de rouler vite, voir trop vite. Que ce soit accompagné du rugissement du V8 ou du sifflement sourd des turbos, rétrograder et mettre « gaz » n’est jamais lassant. Seul petit bémol: avec ses pneus de 255 à l’avant, la GT-R a la fâcheuse tendance de suivre les sillons de la route.

Après plus de 1.000 km sur les routes françaises, nous retrouvons le tarmac sinueux Ardenais où ce court voyage avait commencé. Il nous est désormais encore plus facile de souligner les caractères complètement opposés de ces deux nippones, toutes deux cachant pourtant des talents dans leurs bottes. Certes, la Nissan reste la bête brutale et agressive que nous avons toujours admirée, mais sa main de fer est désormais couverte d’un gant de soie. Quant à la Lexus, ce voyage semblait fait pour elle, tellement elle est taillée pour les longues distances. Pourtant, elle ne rougira pas au premier virage, bien du contraire. Plus joueuse que pataude, elle se révèle bien plus sportive qu’attendue.

Nissan GTR | Lexus LC500 | |
---|---|---|
Moteur | V6 biturbo, 3.8 litres | V8, 5.0 litres |
Puissance | 570 ch à 6.800 tr/min & 637 Nm de 3.600 à 5.800 tr/min | 477 ch à 7.100 tr/min & 540 Nm dès 4.800 tr/min |
Transmission | 4 roues motrices, boîte à double embrayages à 6 rapports | Propulsion, boîte automatique à 10 rapports |
Poids | 1.752 kg | 1.935 kg |
0 à 100 km/h | 2,7 s | 4,7 s |
Vitese max | 315 km/h | 270 km/h |
Consommation | 11,8 l/100 km | 11,5 l/100 km |
Prix | 99.900 € | 109.190 € |